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Représentation en France
  • Article d’actualité
  • 17 mai 2024
  • Représentation en France
  • 7 min de lecture

Adhésion de l’Ukraine à l’UE : comment ça marche ?

Face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, l’Union européenne continue à œuvrer pour la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, comme elle le fait depuis 2014. Dès le 28 février 2022, l’Ukraine a présenté sa demande d’adhésion à l’Union européenne, suivie par la Géorgie et la Moldavie le 3 mars 2022. 

Lors de sa visite à Kyiv le 8 avril 2022, la Présidente de la Commission européenne a envoyé un message clair au peuple ukrainien : “l’Ukraine fait partie de la famille européenne”. Dans ce contexte, plusieurs questions ont émergé dans le débat public : une procédure accélérée d’adhésion est-elle possible ? Qui décide de la politique d’élargissement de l’UE ? 

Sur “la progression de l'Ukraine sur la voie de l'adhésion à notre Union. Le contraste avec il y a seulement dix ans ne pourrait être plus frappant. À l'époque, un régime prorusse en Ukraine adoptait des lois autoritaires et tuait des manifestants dans les rues. Aujourd'hui, le pays vient de se doter de nouvelles lois pour étendre les droits des minorités nationales, améliorer le système judiciaire et garantir l'équilibre des pouvoirs. C'est ce qui nous a amenés à lancer les négociations d'adhésion. Et ces progrès ne se produisent pas uniquement parce que l'Europe les exige. Ils correspondent au désir profond du peuple ukrainien. L'Ukraine est l'Europe, parce que l'Europe est dans le cœur et l'esprit des Ukrainiens. Et bientôt, l'Ukraine fera également partie de notre Union”. 

Discours de la Présidente von der Leyen lors de la session plénière du Parlement européen, 6 février 2024 

Solidarité avec l'Ukraine

Des relations étroites entre l’UE et l’Ukraine 

En 1993, deux ans après la chute de l’URSS, le gouvernement ukrainien décrivait déjà l’adhésion à l’UE comme un objectif à long terme. La collaboration étroite entre l’UE et l’Ukraine remonte à 1994, quand un premier accord bilatéral de partenariat et de coopération a été signé. En novembre 2013, le peuple ukrainien s’est mobilisé lors de la révolution pro-européenne du Maidan, en réponse au refus du président Ianoukovitch de signer un accord d’association avec l’UE. Pendant trois mois, les Ukrainiens ont manifesté et exprimé leur attachement à l’Europe, à la démocratie et à leur indépendance nationale.  

En 2014, l’Union européenne et l’Ukraine se sont davantage rapprochées avec la signature d’un accord d’association, qui comprend un accord de libre-échange approfondi permettant de renforcer les liens politiques et économiques, ainsi que de promouvoir le respect de valeurs communes. L’accord a été intégralement mis en œuvre le 1er septembre 2017.  

Après l’invasion lancée par la Russie en février 2022, l’Ukraine a effectué une demande officielle d’adhésion à l’UE. Le 17 juin 2022, la Commission européenne a soumis un avis favorable pour accorder le statut de pays candidat à l’Ukraine, étant entendu que des mesures doivent être prises dans un certain nombre de domaines. Contrairement à une idée reçue, la Commission ne décide pas seule pour accorder le statut de candidat aux pays souhaitant intégrer l’UE, ni sur l’issue du processus d’adhésion. Toute demande d’adhésion doit être approuvée par les 27 Etats membres à l’unanimité

Le processus d’élargissement 

Tout pays souhaitant adhérer à l’UE doit d’abord adresser sa candidature officielle au Conseil de l’Union européenne. La Commission européenne évalue la candidature et remet son avis au Conseil. Une fois l’avis rendu par la Commission, les Etats membres de l’UE décident à l’unanimité d’octroyer le statut de candidat au pays. 

Le processus d’intégration commence et les négociations d’adhésion sont lancées avec l’accord de tous les Etats membres. La Commission propose un cadre de négociation servant de base aux discussions et le pays élabore sa position sur les 35 chapitres de l’acquis communautaire.  

Au cours des négociations, le pays se prépare à mettre en œuvre la législation et les normes de l’UE, en procédant à des réformes fondamentales dans de nombreux domaines, tels que l’état de droit, l’économie, le fonctionnement des institutions démocratiques, ainsi que de l’administration publique, la lutte contre la corruption et la criminalité organisée. La capacité et la volonté politique des pays candidats de mener ces réformes sont essentielles à leur intégration dans l’UE. Les progrès doivent être solides, tangibles et irréversibles. 

Lorsque les négociations ont abouti dans tous les domaines et que les 27 sont d’accord sur le fait que le pays a satisfait à toutes les exigences, la Commission rend un avis sur l’aptitude du pays à devenir membre de l’UE. Sur la base de cet avis, les Etats membres de l’UE décident alors à l’unanimité de clore le processus de négociation. Le Parlement européen doit aussi donner son feu vert. Enfin, tous les Etats membres de l’UE et le pays candidat doivent signer et ratifier un traité d’adhésion qui permet au pays en question d’adhérer officiellement à l’UE. 

Le respect de ce processus est très important, car il permet d’assurer que le pays candidat se conforme à une série de critères fondamentaux de la construction européenne. La Commission européenne accompagne les pays tout au long de la préparation à l’intégration dans l’UE. 

Les critères à remplir  

Le traité sur l’Union européenne définit les conditions et les principes que tout pays souhaitant devenir membre de l’UE doit respecter. Le pays candidat doit satisfaire à trois grands critères, dits “critères de Copenhague” : 

  1. Le critère politique : des institutions stables garantissant la démocratie, l’état de droit, les droits de l’homme et le respect et la protection des minorités ; 
  2. Le critère économique : une économie de marché viable et la capacité de faire face à la concurrence et au marché de l’Union européenne ; 
  3. L’acquis communautaire : c’est-à-dire la capacité de mettre en œuvre les obligations découlant de l’adhésion : accepter et transposer dans la législation nationale l’ensemble du droit européen en vigueur et souscrire aux objectifs de l’Union politique, économique et monétaire. 

Un quatrième critère a été précisé en 2006. Il s’agit de la capacité d’intégration, c’est-à-dire la capacité de l’UE à assimiler de nouveaux membres et à approfondir l’intégration. Cette condition ne dépend donc pas de l’État candidat mais de l’Union elle-même, qui doit être prête à accueillir dans de bonnes conditions un nouvel Etat membre. 

Actuellement sept Etats sont officiellement candidats à l’adhésion à l’UE : la Turquie, le Monténégro, la Serbie, l’Albanie, la Macédoine du Nord et, depuis le 23 juin 2022, l’Ukraine et la Moldavie. Deux autres pays ont déposé leur candidature et attendent que le statut de candidat leur soit octroyé : il s’agit de la Bosnie-Herzégovine en 2016 et de la Géorgie en 2022.   

Rapport annuel sur l’élargissement et ouverture des négociations d’adhésion 

Si la route est encore longue pour les pays candidats, certains ont fait des progrès et accompli de nombreuses réformes à un rythme soutenu. Ainsi, lors du dernier rapport annuel sur l’élargissement publié le 8 novembre 2023 et à la lumière des résultats obtenus par l’Ukraine et la Moldavie et de leurs efforts de réformes en cours, la Commission européenne a recommandé l’ouverture des négociations d’adhésion avec ces deux pays. Lors du Conseil européen des 14 et 15 décembre 2023, les dirigeants de l'UE ont ainsi décidé d'ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie. Une fois que les mesures pertinentes mentionnées dans les recommandations de la Commission du 8 novembre 2023 auront été prises, le Conseil adoptera les cadres de négociation avec les pays respectifs, probablement d’ici l’été 2024. 

Par ailleurs, concernant les Balkans occidentaux, un nouveau plan de croissance pour cette région de 6 milliards d’euros pour la période 2024-2027 a été approuvé pour permettre à ces pays d’intensifier les réformes et les investissements nécessaires à l’élargissement. Les paiements ne seront effectués qu’après la mise en œuvre des réformes convenues. 

Rappelons que l’adhésion à l’UE est et restera un processus fondé sur le mérite, qui dépend entièrement des progrès objectifs réalisés par chaque pays. Mais à mesure que l'UE s'élargit, la réussite de l'intégration européenne exige que les institutions de l'UE continuent à fonctionner de manière efficace. Dans ce contexte, les dirigeants de l’UE se sont engagés à se pencher sur les réformes internes à l’Union en vue d'adopter des conclusions à l'été 2024. 

Pour en savoir plus

Paquet « élargissement » 2023

La politique d’élargissement

Le processus d’adhésion à l’UE

Les chapitres de l’acquis communautaire

Détails

Date de publication
17 mai 2024
Auteur
Représentation en France