Allocution d'ouverture de la Présidente von der Leyen à l'issue de la réunion du Conseil européen du 6 mars 2025

Je tiens tout d'abord à vous remercier, António, d'avoir convoqué cette réunion extraordinaire du Conseil européen. Parce que je pense que nous sommes, aujourd'hui, en train d'écrire l'histoire. À l'issue de cette réunion, nous sommes très déterminés à garantir la sécurité de l'Europe et à agir avec l'ampleur, la rapidité et la fermeté que la situation requiert. Ensemble, nous sommes déterminés à investir plus, mieux et plus rapidement. De Paris à Londres en passant par Bruxelles, nous avons montré que nous avons la volonté et les moyens d'intensifier nos efforts conjoints et de les coordonner efficacement.

Le fait est que l'Europe est confrontée à un danger avéré et bien réel. C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, j'ai présenté aux dirigeants le plan «REARM Europe», qui vise à doter l'Europe de la capacité militaire dont elle a besoin pour faire face aux menaces actuelles. Ce plan pourrait permettre de mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros. Il s'agit d'assumer une plus grande responsabilité dans notre propre sécurité. Parce que l'urgence est réelle.

Par conséquent, nous sommes convenus que la Commission présentera, avec le soutien des dirigeants, des propositions législatives détaillées avant le prochain Conseil européen ordinaire de mars. Permettez-moi d'en expliquer les cinq volets distincts. Premièrement, nous proposerons d'activer, de manière contrôlée, coordonnée et dans un délai donné, la clause dérogatoire nationale prévue par le pacte de stabilité et de croissance. Cela permettra d'accorder aux États membres la souplesse budgétaire accrue dont ils ont besoin et leur donnera la marge de manœuvre nécessaire pour investir dans la défense — immédiatement et de manière substantielle. C'est sans précédent. Si cette possibilité est pleinement utilisée, elle pourrait permettre de débloquer jusqu'à 650 milliards d'euros de dépenses en matière de défense. Deuxièmement, nous proposerons un nouvel instrument financier : nous mettrons à la disposition des États membres un montant de 150 milliards d'euros de prêts pour accélérer la passation conjointe de marchés. Cette mesure est exceptionnelle, mais c'est exactement celle qu'il nous faut en cette période exceptionnelle. Ces fonds pourraient être utilisés pour accroître les capacités de l'Europe dans certains domaines. Les livraisons doivent être rapides, ces prêts devraient financer des achats auprès de producteurs européens et ils pourraient être investis dans des contrats pluriannuels — ce qui est très important pour l'industrie de la défense. C'est également un moyen de renforcer l'interopérabilité dans le cadre de la passation conjointe de marchés, et donc de réduire la fragmentation ; il va de soi que ces fonds réduiront les coûts puisqu'ils permettront la mise à l'échelle, si importante pour la production. Tout cela en une fois et très rapidement. Le troisième axe est volontaire. Il s'agit de la possibilité de réorienter le budget existant de l'UE vers la défense. À cet égard, l'accent est mis sur les fonds de cohésion. Encore une fois, cette possibilité reste une option. Si vous le souhaitez, nous vous donnons la flexibilité de rediriger les fonds de cohésion vers des dépenses liées à la défense. Ensuite, outre la discussion d'aujourd'hui sur le financement public, nous avons également abordé la manière d'attirer davantage de capitaux privés. À cet égard, il est très important de développer l'union européenne de l'épargne et de l'investissement, qui joue un rôle déterminant pour les investissements privés. Mais il faut également que la Banque européenne d'investissement modifie et actualise ses schémas de prêt. Nous devons veiller à ce que notre industrie de la défense, et notamment nos jeunes entreprises et entreprises à capitalisation moyenne innovantes, puisse avoir pleinement accès au financement.

Nous présenterons prochainement le livre blanc sur l'avenir de la défense européenne. Cette présentation aura lieu le 19 mars, juste avant le Conseil européen ordinaire. Et nous présenterons des mesures de simplification omnibus spécifiques à la défense.

Permettez-moi de terminer très brièvement par le fait que nous avons eu un échange très important avec le président Zelensky au cours du déjeuner. Nous avons parlé de la manière de parvenir à une paix juste et durable. Il n'a jamais été aussi urgent d'apporter notre soutien aux forces armées ukrainiennes. Nous travaillerons donc en étroite collaboration avec l'Ukraine et l'industrie de la défense pour faire en sorte que les besoins militaires de l'Ukraine soient satisfaits. Ce débat est important pour les États membres et pour nos partenaires. C'est pourquoi, demain matin, après ce Conseil européen, le Président et moi ferons également le point avec nos partenaires.