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Représentation en France
  • Discours
  • 8 octobre 2025
  • Représentation en France
  • 7 min de lecture

Discours lors du débat en séance plénière du Parlement européen sur une réponse unie aux récentes violations par la Russie de l'espace aérien de l'UE

Seul le texte prononcé fait foi.

Participation of Ursula von der Leyen, President of the European Commission, in the plenary session of the European Parliament

Madame la Présidente,   

Madame la Ministre, 

Mesdames et Messieurs les députés,   

Il se passe des choses nouvelles et dangereuses dans notre ciel. Ces deux dernières semaines, des chasseurs MiG ont violé l'espace aérien estonien et des drones ont survolé des sites stratégiques en Belgique, en Pologne, en Roumanie, au Danemark et en Allemagne. Des vols ont été annulés, des avions de combat ont décollé en urgence et des contre-mesures ont été déployées pour assurer la sécurité de nos citoyens.  Mais ne nous y trompons pas. Ces événements confirment que la menace s'accroît. Dans toute l'Europe, des câbles sous-marins ont été sectionnés, des aéroports et des plateformes logistiques ont été paralysés par des cyberattaques et des élections ont été la cible de campagnes d'influence malveillante. Ces incidents sont calculés pour laisser planer le doute. Ce ne sont pas des actes de harcèlement isolés. C'est une campagne cohérente et progressive visant à perturber nos citoyens, à mettre notre détermination à l'épreuve, à diviser notre Union et à affaiblir notre soutien à l'Ukraine. Et désormais, nous devons l'appeler par son nom. C'est une guerre hybride, et nous devons la prendre très au sérieux.   

Que les personnes qui doutent encore examinent ce qui se passe actuellement. Un incident peut constituer une erreur. Deux, une coïncidence. Mais trois, cinq, dix ? Il s'agit d'une campagne en zone grise, délibérée et ciblée, contre l'Europe. Et l'Europe doit répondre. Nous devons examiner chaque incident. Et nous ne devons pas hésiter à désigner les responsables. Parce que chaque centimètre carré de notre territoire doit être protégé et sécurisé.   

Mesdames et Messieurs les députés,  

La Russie veut nous diviser. Nous devons répondre en faisant preuve d'unité. Ce sont des pilotes italiens de la mission de police aérienne de l'OTAN qui ont escorté les avions russes hors du ciel estonien. Les experts ukrainiens partagent l'expérience qu'ils ont acquise au front pour aider les États membres à lutter contre les incursions de drones. Voilà des exemples de solidarité en action. Mais nous ne devons pas seulement réagir, nous devons dissuader. Car si nous hésitons à agir, la zone grise ne fera que s'étendre.   

La mission fondatrice de l'Union européenne est de préserver la paix. Aujourd'hui, nous devons pour ce faire être capables de repousser les agressions et les provocations. L'Europe doit se doter de toute urgence d'une capacité stratégique de réaction, capable de faire face à l'évolution de la nature de la guerre. Nous devons développer et maintenir cette capacité ensemble. Et il nous faut pouvoir réagir en temps réel. Nous avons déjà commencé à œuvrer en ce sens. Nous assistons à la plus grande augmentation des dépenses en matière de défense de l'histoire de l'Union. Le programme « Préparation à l'horizon 2030 » mobilisera jusqu'à 800 milliards d'euros d'ici 2030. Nous devons désormais élaborer un plan paneuropéen en étroite collaboration avec l'OTAN pour définir la marche à suivre. C'est ce à quoi est consacré le document d'orientation que nous avons présenté aux dirigeants la semaine dernière à Copenhague. Et dans deux semaines, nous présenterons notre plan « Préserver la paix – Préparation à l'horizon 2030 », qui définira non seulement des objectifs communs, mais mettra également en place des jalons concrets à atteindre ainsi qu'un calendrier précis à respecter d'ici 2030. Parce qu'on ne mène réellement à bien que ce que l'on mesure. Permettez-moi donc de vous présenter trois points essentiels à ces travaux.   

Le premier point porte spécifiquement sur les violations de notre espace aérien. Je veux parler de fleurons paneuropéens tels que la surveillance du flanc oriental et le mur antidrones. Le mur antidrones est notre réponse aux réalités de la guerre moderne. Pensez à ce qui s'est passé en Pologne. Nous avons dû déployer des systèmes très onéreux – des avions de combat de dernière génération – pour abattre des drones relativement bon marché, produits en série. Cette solution n'est absolument pas viable sur le long terme. Nous avons besoin d'un système abordable et adapté à nos besoins, en vue d'une détection rapide, d'une interception rapide et, si nécessaire, d'une neutralisation rapide. Sur ce plan, nous avons beaucoup à apprendre de l'Ukraine - en ce qui concerne les capacités mais aussi, ce qui est encore plus important, l'écosystème d'innovation rapide. Et l'Ukraine est prête à soutenir nos efforts. Le mur antidrones contribuera également à la surveillance du flanc oriental. Il permettra de surveiller et de protéger les airs, les mers et les territoires de nos États membres de l'Est. Mais il ne s'agit pas seulement de notre frontière orientale – qui est notre priorité actuelle. Nous avons besoin d'une approche à 360 degrés. Ce système antidrones sera un bouclier pour toute notre Union, y compris le flanc Sud. Et il devrait être conçu pour faire face à un large éventail de défis. Qu'il s'agisse de réagir aux catastrophes naturelles ou de lutter contre la criminalité organisée internationale, de surveiller l'instrumentalisation de la migration ou de contrôler la flotte fantôme russe, et il ne s'agit là que de quelques exemples. Les systèmes autonomes sont au centre de la sécurité du XXIe siècle. Et l'Europe se doit d'être à la pointe.   

 Mesdames et Messieurs les députés,  

  La protection de nos concitoyens, de notre ciel et de nos infrastructures nécessite davantage que des drones. Et cela m'amène à mon deuxième point : les capacités critiques. Nous avons déjà recensé neuf capacités critiques, qui vont de la défense aérienne à la cyberguerre et à la guerre électronique. Pour chacune d'elles, nous formerons des « coalitions sur les capacités collectives », c'est à dire des groupes d'États membres déterminés à agir ensemble et vite. Nous avons déjà vu ce modèle d'initiatives nationales produire des résultats. Pensez aux initiatives menées par les Tchèques et les Danois pour fournir des armes et des munitions à l'Ukraine, dont les résultats ont été si fructueux. Une nation a pris les devants. D'autres l'ont rejointe, pour passer des commandes plus importantes. L'industrie s'est développée et les prix ont baissé. Nous allons maintenant étendre cette façon de procéder à tous les niveaux. C'est rapide, efficace et, surtout, c'est européen.   

En ce qui concerne le troisième point, je dirais que rien de tout cela n'est possible sans une industrie européenne de la défense forte. Nous devons pouvoir compter sur notre propre base industrielle, en particulier en des temps critiques. Aujourd'hui, la plupart des investissements sortent de l'Europe. En d'autres termes, ils financent de bons emplois mais dans des pays tiers. Cela ne peut absolument pas durer. L'augmentation des dépenses pour notre défense doit également être un moteur de croissance ici même, au sein de l'Union européenne. Je sais que cela est déjà en train de se produire, du moins dans une certaine mesure. De nouvelles usines et lignes de production émergent à travers l'Europe. Notre industrie de la défense embauche des milliers de travailleurs qualifiés, ce qui est également une bonne chose. Et les retombées se font également sentir dans d'autres industries. Nous l'avons vu maintes et maintes fois. De nouvelles technologies nées dans les secteurs de la défense apportent de nouvelles applications pour les industries civiles. Des outils de cybersécurité aux matériaux avancés pour la construction navale et aérospatiale. Nos nouveaux investissements en matière de défense peuvent et doivent contribuer à la compétitivité de l'Europe. Ils doivent être basés chez nous. C'est pourquoi au moins 65 % de tout projet financé dans le cadre de l'instrument SAFE doit être basé dans l'Union. C'est de l'argent européen, et nous tenons à ce qu'il génère un retour sur investissement en Europe. 

Mesdames et Messieurs les députés,   

La lutte contre la guerre hybride menée par la Russie n'est pas qu'une question de défense traditionnelle. Elle implique des logiciels pour les drones et des pièces de rechange pour les pipelines. Elle nécessite des équipes de réponse rapide en cas de cyberincidents, de même que des campagnes de sensibilisation du public. Cela nous oblige à adopter un tout nouvel état d'esprit. Nous devons être prêts à sortir de notre zone de confort. Nous devons explorer de nouveaux moyens de procéder. Et plus important encore, nous devons dissuader tous les acteurs qui cherchent à nuire à notre territoire et à nos populations. Le choix qui se présente à nous est simple : nous pouvons soit laisser les menaces russes s'intensifier sans réagir, soit y répondre avec unité, dissuasion et détermination. Je sais quelle solution nous choisirons.  

Je vous remercie, vive l'Europe.  


 

Détails

Date de publication
8 octobre 2025
Auteur
Représentation en France