Dans le cadre de la réaction de solidarité de l'Union européenne en faveur de l'Ukraine, la Commission a présenté aujourd'hui une série d'actions visant à aider l'Ukraine à exporter ses produits agricoles. Suite à l'invasion de l'Ukraine et du blocus des ports ukrainiens par la Russie, les céréales et autres produits agricoles ukrainiens ne peuvent plus arriver à destination. Cette situation constitue une menace pour la sécurité alimentaire mondiale. Il est donc urgent de mettre en place d'autres itinéraires logistiques utilisant tous les modes de transport nécessaires.
Dans sa communication publiée ce jour, la Commission présente un plan d'action visant à créer des «corridors de solidarité» pour permettre à l'Ukraine d'exporter ses céréales, mais aussi d'importer les biens dont elle a besoin, de l'aide humanitaire à l'alimentation animale et aux engrais.
La commissaire aux transports, Adina Vălean, a déclaré à ce propos : «20 millions de tonnes de céréales doivent quitter l'Ukraine en moins de trois mois, en utilisant les infrastructures de transport de l'Union européenne. Il s'agit d'un défi gigantesque. Il est donc essentiel de coordonner et d'optimiser les chaînes logistiques, de mettre en place de nouveaux itinéraires et d'éviter autant que possible les goulets d'étranglement. Notre communication propose des solutions d'urgence, mais aussi des mesures à moyen et long terme destinées à mieux connecter et intégrer les infrastructures de l‘Ukraine à celles de l'Union. Pour mettre en œuvre ces solutions à court et à long terme, nous travaillerons de concert avec les autorités ukrainiennes et aussi en étroite collaboration, en particulier, avec les États membres voisins, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pendant cette crise.»
Actions urgentes pour remédier aux goulets d'étranglement dans les transports
Malgré les efforts immédiatement déployés par l'Union et ses États membres pour faciliter le franchissement des frontières entre l'Ukraine et l'UE, des milliers de wagons et de camions sont en attente de dédouanement du côté ukrainien. Le temps d'attente moyen pour les wagons est actuellement de 16 jours, et ce délai peut atteindre 30 jours à certaines frontières. Davantage de céréales sont encore stockées et conservées dans des silos ukrainiens, et prêtes à l'exportation. Parmi les difficultés à surmonter figurent les différences d'écartement des rails: les wagons ukrainiens ne sont pas compatibles avec la majeure partie du réseau ferroviaire de l'Union, de sorte que la plupart des marchandises doivent être transbordées sur des camions ou des wagons répondant à l'écartement standard de l'UE. Ce processus prend beaucoup de temps et les installations de transbordement frontalières sont rares.
Pour lever ces obstacles et mettre en place les corridors de solidarité, la Commission, en collaboration avec les États membres et les parties prenantes, travaillera dans le court terme sur les actions prioritaires suivantes:
- Matériel roulant, navires et camions de fret supplémentaires: La Commission invite les acteurs du marché de l'UE à rendre disponibles d'urgence des moyens de transport supplémentaires. Afin de mieux faire correspondre l'offre et la demande et de permettre les contacts nécessaires, la Commission mettra en place une plateforme logistique de mise en relation, et elle demandera aux États membres de désigner des points de contact spécifiques aux corridors de solidarité (un «guichet unique»).
- Capacité des réseaux de transport et des terminaux de transbordement: Il conviendrait de donner la priorité aux exportations agricoles ukrainiennes, et les gestionnaires des infrastructures devraient réserver des créneaux ferroviaires à ces exportations. La Commission appelle également les acteurs du marché à transférer d'urgence les chargeurs de céréales mobiles vers les terminaux frontaliers concernés, afin d'accélérer le transbordement. Un accord de transport routier avec l'Ukraine supprimera également les goulets d'étranglement. Pour encourager les transporteurs de l'UE à autoriser leurs véhicules à entrer en Ukraine, la Commission étudiera également les possibilités d'offrir des garanties financières complémentaires.
- Opérations douanières et autres contrôles: La Commission invite instamment les autorités nationales à faire preuve d'un maximum de flexibilité et à prévoir des effectifs suffisants pour accélérer les procédures aux points de passage frontaliers.
- Entreposage des marchandises sur le territoire de l'UE: La Commission évaluera les capacités d'entreposage disponibles dans l'UE et se coordonnera avec les États membres en vue renforcer les capacités d'entreposage temporaire des exportations ukrainiennes.
Amélioration à moyen terme des connexions entre l'UE et l'Ukraine
À moyen et long terme, la Commission s'emploiera également à accroître les capacités d'infrastructure des nouveaux corridors d'exportation et à établir de nouvelles connexions d'infrastructure dans le cadre de la reconstruction de l'Ukraine. Le prochain cycle d'appels à propositions au titre du mécanisme pour l'interconnexion en Europe (MIE) permettra de soutenir des projets visant à améliorer les liaisons de transport vers l'Ukraine, notamment les liaisons ferroviaires et les terminaux rail-route. Dans ce contexte, la Commission a adopté aujourd'hui une décision en vue de la signature d'un accord de haut niveau avec l'Ukraine mettant à jour les cartes du réseau transeuropéen de transport (RTE-T), dans le cadre de sa politique d'extension du RTE-T aux pays voisins.
Contexte
En temps normal, 75 % de la production céréalière ukrainienne est exportée, générant environ 20 % des recettes d'exportation annuelles de ce pays. Avant la guerre, 90 % des exportations ukrainiennes de céréales et d'oléagineux transitaient par les ports ukrainiens de la mer Noire. Environ un tiers de ces exportations sont destinées, respectivement, à l'Europe, à la Chine et à l'Afrique.
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Détails
- Date de publication
- 12 mai 2022
- Auteur
- Représentation en France