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Représentation en France
Article d’actualité16 mai 2024Représentation en France6 min de lecture

L’Europe peut-elle se passer du gaz russe ?

En 2021, 40% des importations de gaz de l’UE provenaient de Russie. Fin 2023, le gaz russe ne représente plus que 8% des importations de l’UE. L’utilisation par la Russie de l’arme énergétique a menacé la sécurité d’approvisionnement en gaz et fait grimper les prix de l’énergie à des niveaux sans précédent.   

“Nous n’avons pas oublié que Poutine a délibérément utilisé le gaz comme une arme (...) Beaucoup pensaient que nous n’aurions pas assez d’énergie pour traverser l’hiver. Mais nous y sommes parvenus. Parce que nous sommes restés unis et que nous avons mis en commun notre demande et nos achats d’énergie. (...) Nous avons mis à profit la masse critique de l’Europe pour faire baisser les prix et sécuriser notre approvisionnement”. (Discours sur l’état de l’Union, 13 septembre 2023, Ursula von der Leyen) 

L'Europe peut-elle se passer du gaz russe - Sandy Erodio
Sandy ERODIO

REPowerEU, un plan pour réduire la dépendance au gaz russe bien avant 2030 

Les propositions de la Commission ont permis de réduire la dépendance de l’UE au gaz russe de deux tiers avant la fin de l’année 2022, et devront nous permettre de nous affranchir du gaz russe à compter de 2027.  

Pour atteindre ces objectifs, le plan REPowerEU repose sur trois piliers :   

  1. Diversifier l’approvisionnement en gaz, grâce à une augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) et par gazoduc en provenance des fournisseurs non russes, ainsi qu’un accroissement des volumes de production et d’importations de biométhane et d’hydrogène.  

Les 120 milliards de mètres cubes de GNL importés par l’UE en 2023 ont assuré la sécurité de l’approvisionnement en gaz pour cet hiver. Près de la moitié des importations européennes de GNL proviennent des Etats-Unis en 2023. En Europe, la France demeure le premier importateur de GNL. Concernant les importations de gaz, la Norvège, les Etats-Unis, l’Afrique du Nord et le Qatar sont les principaux partenaires européens. La diversification d’approvisionnement par gazoducs (Azerbaïdjan, Egypte, Israël, ...) permettra également de réduire la dépendance énergétique de l’UE vis-à-vis de la Russie. La nouvelle plateforme énergétique de l’UE permet des achats communs de gaz, de GNL et d’hydrogène en mutualisant la demande et en coordonnant les actions de sensibilisation auprès des fournisseurs. Enfin, la politique européenne de stockage a aussi été renforcée pour atteindre des niveaux de stockage de 90% au 1er novembre de chaque année. En août 2023, l’UE avait déjà atteint son objectif avec des installations de stockage remplies à 90% 

REPowerEU prévoit aussi le développement à grande échelle du biométhane en tant que gaz du futur. La production de biométhane pourrait atteindre 35 milliards de m3 par an d’ici 2030.  

A cela s’ajoute l’initiative “Accélérateur hydrogène” qui devrait permettre de remplacer entre 25 et 50 milliards de m3 de gaz russe d’ici 2030. La Commission poursuit le développement du cadre réglementaire afin de poser les bases du marché européen de l'hydrogène et de soutenir le développement d'une infrastructure intégrée pour le gaz et l'hydrogène, des installations de stockage d’hydrogène et des infrastructures portuaires. En Méditerranée et en Mer du Nord, de grands “corridors hydrogène” seront mis en place.  

  1. Réduire plus rapidement l’utilisation des combustibles fossiles en renforçant les économies d’énergie  

La Commission européenne a proposé de relever de 9% à 13% l’objectif contraignant de réduction de la consommation d’énergie. Les économies d'énergie que nous ferons aujourd'hui nous aideront à nous préparer aux défis potentiels de l'hiver prochain. L’énergie la moins chère et la plus sûre, c’est l'énergie que l’on ne consomme pas. Des économies d’énergie doivent être faite dans tous les secteurs : énergie, bâtiments, transports.  

La Commission a proposé un plan européen de réduction de la demande de gaz, avec un objectif clair : réduire la consommation de gaz en Europe de 15%. Entre août 2022 et mars 2023, le demande de gaz des Etats-membres a chuté de 18%, dépassant même l’objectif fixé de 15%. En cas de risque important de pénurie grave de gaz ou de demande exceptionnellement élevée, la Commission pourra déclencher, après consultation des Etats membres, une “alerte de l’Union” sur la sécurité de l’approvisionnement, qui imposerait une réduction obligatoire de la demande de gaz à tous les Etats membres. 

La sobriété énergétique engage tous les acteurs et citoyens européens. Baisser par exemple le thermostat d’un degré permet d’économiser 10 milliards de mètres cubes d’importations gazières russes.   

  1. Développer massivement les énergies renouvelables  

Le plan RePowerEU prévoit d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables. Ainsi, l’objectif contraignant pour 2030 en matière d’énergies renouvelables est relevé à 42,5%, avec une ambition d’atteindre 45%. Cela porterait les capacités totales de production issues d'énergies renouvelables à 1236 GW d'ici 2030, contre 511 aujourd'hui.  

En accélérant le déploiement des systèmes photovoltaïques installés sur les toits de 15 TWh cette année, l'UE pourrait économiser 2,5 milliards de m3 de gaz supplémentaires. La stratégie spécifique de l’UE en matière d’énergie solaire vise à doubler la capacité solaire photovoltaïque d'ici à 2025 et à installer 600 GW de capacités de production d'ici à 2030.  

Concrètement, cela se traduit par une obligation légale pour certaines catégories de bâtiments d’être munis de panneaux solaires. Tous les nouveaux bâtiments publics et commerciaux de plus de 250 mètres carrés doivent être dotés de panneaux solaires en 2026 et tous les nouveaux bâtiments résidentiels d’ici 2029.   

Des investissements intelligents  

Pour financer ces réformes ambitieuses et soutenir la mise en œuvre du plan REPowerEU, l’UE mobilise près de 300 milliards d’euros. 225 milliards d'euros sont déjà disponibles sous la forme de prêts au titre de la Facilité pour la reprise et la résilience dans le cadre du plan de relance européen et environ 72 milliards d’euros prendront la forme de subventions.   

Avec le plan de relance, l’UE investit déjà massivement pour l’indépendance énergétique. 228, 8 milliards d’euros sont investis dans la réduction de la demande, notamment grâce à la rénovation énergétique des bâtiments dans la promotion des énergies renouvelables et le développement de l’hydrogène vert.    

Le plan REPowerEU prévoit également d’accompagner les industriels du secteur, avec le lancement d’une Alliance européenne pour l’industrie solaire et des coopérations avec l’industrie pour accroitre les capacités de fabrication des électrolyseurs en Europe.   

Pour en savoir plus

Déclaration à la presse de la Présidente von der Leyen sur les propositions de la Commission concernant le plan RePowerEU 

Communication sur REPowerEU

Questions et réponses sur REPowerEU

Fiche d’information sur REPowerEU

Page web dédiée au Pacte vert pour l’Europe

Détails

Date de publication
16 mai 2024
Auteur
Représentation en France