Aller au contenu principal
Représentation en France
Déclaration6 mai 2024Représentation en France4 min de lecture

Déclaration à la presse de la Présidente von der Leyen à l'issue de la rencontre trilatérale avec Emmanuel Macron et le Xi Jinping

Seul le texte prononcé fait foi.

Visit of Ursula von der Leyen, President of the European Commission, to France

Bonjour,

J'ai rencontré aujourd'hui le Président Xi Jinping pour la troisième fois en un peu plus d'un an. Je pense que cela reflète bien l'importance que nous accordons tous les deux aux relations UE-Chine. Une fois de plus, nous nous sommes entretenus de manière franche et ouverte, sur des sujets où nos points de vue convergent et sur d'autres où des divergences subsistent. Nous avons abordé des questions géopolitiques, le changement climatique et, bien sûr, nos relations économiques.

Conjointement avec le Président Macron, nous avons tout d'abord échangé nos perceptions respectives de la situation géopolitique. Nous avons notamment discuté de l'Ukraine et des conflits au Moyen-Orient. Nous partageons la conviction que l'Europe et la Chine ont un intérêt commun dans la paix et dans la sécurité. Nous comptons sur la Chine pour user de toute son influence sur la Russie afin de mettre un terme à la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine. Le Président Xi Jinping a joué un rôle important dans la désescalade des menaces nucléaires brandies de manière irresponsable par la Russie, et je suis convaincue qu'il pourra encore le faire dans le contexte des menaces nucléaires actuelles lancées par la Russie. Nous avons également discuté de l'engagement de la Chine de ne fournir aucun équipement létal à la Russie. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour réduire la livraison de biens à double usage à la Russie, qui finissent par se retrouver sur le champ de bataille. Et compte tenu de la nature existentielle des menaces qui découlent de cette guerre pour l'Ukraine et l'Europe, cela affecte les relations UE-Chine.

Enfin, nous avons discuté de la situation au Moyen-Orient, qui nous préoccupe beaucoup tous les deux. Aucun effort ne peut être négligé pour apaiser les tensions et pour prévenir un élargissement du conflit dans la région. Une fois de plus, nous appelons à un cessez-le-feu et à la libération de tous les otages, et nous poursuivons notre action pour acheminer toute l'aide humanitaire possible, tout en œuvrant en faveur d'une solution fondée sur la coexistence de deux États. Nous avons également exprimé clairement notre préoccupation face à la menace directe que fait peser l'Iran sur la stabilité dans la région, et nous pensons que la Chine peut jouer un rôle déterminant pour limiter la prolifération irresponsable des missiles balistiques et des drones iraniens.

Nous avons également discuté de nos relations économiques et commerciales, d'une ampleur sans égale dans le monde. Je suis convaincue que si la concurrence est équitable, nous aurons en Europe des économies prospères et durables, pourvoyeuses d'emplois de qualité en plus grand nombre. Mais bien sûr, aujourd'hui, nous avons également discuté des déséquilibres qui restent importants, et c'est un sujet de grande préoccupation. Comme nous l'avons déjà montré, nous défendrons nos entreprises, nous défendrons nos économies. Nous n'hésiterons jamais à le faire lorsque cela sera nécessaire. Permettez-moi de me concentrer sur trois éléments.

Premier élément: les produits subventionnés chinois. Ces produits subventionnés – tels que les véhicules électriques ou, par exemple, l'acier – inondent le marché européen. Dans le même temps, la Chine continue de soutenir massivement son secteur manufacturier. Alors que la demande intérieure chinoise n'augmente pas, le monde ne peut pas absorber la production excédentaire de la Chine. J'ai donc encouragé le Gouvernement chinois à s'attaquer à ces surcapacités structurelles. Dans le même temps, nous travaillerons en étroite coordination avec les pays du G7 et avec les économies émergentes, qui sont également de plus en plus touchées par les distorsions du marché chinois.

Deuxième élément: pour que les échanges soient équitables, il faut aussi que les accès au marché des uns et des autres soient réciproques. Nous avons discuté de la manière d'engranger de réels progrès en matière d'accès aux marchés. Je reste convaincue que des améliorations sont encore possibles. Dans le même temps, nous sommes prêts à utiliser pleinement nos instruments de défense commerciale si cela s'avère nécessaire. Par exemple, nous avons lancé il y a quelques semaines notre première enquête au titre de l'instrument relatif aux marchés publics internationaux. L'Europe ne peut pas accepter des pratiques qui fausseraient le marché et pourraient conduire à la désindustrialisation de son territoire.

Troisième élément: nous devons renforcer la résilience de nos chaînes d'approvisionnement. Nous nous attaquons ainsi aux dépendances excessives en diversifiant les sources de matières premières critiques. C'est pourquoi nous avons négocié plusieurs accords afin d'élargir le nombre de pays auprès desquels nous nous procurons des matières premières critiques. Il s'agit tout bonnement de réduire les risques de manière concrète. Notre marché est et reste ouvert à une concurrence loyale et aux investissements, mais cette ouverture n'est pas bonne pour l'Europe si elle nuit à notre sécurité et nous rend vulnérables. C'est ce constat qui guide notre action.

Pour conclure: les relations entre l'UE et la Chine sont complexes. Nous les abordons avec lucidité, dans une démarche constructive et responsable. Parce qu'une Chine loyale est profitable pour nous tous. Dans le même temps, l'Europe n'hésitera pas à prendre les décisions difficiles nécessaires pour protéger son économie et sa sécurité. Dans ce contexte, nous sommes impatients de célébrer l'année prochaine le 50anniversaire des relations entre l'UE et la Chine. Je vous remercie de votre attention.

Détails

Date de publication
6 mai 2024
Auteur
Représentation en France