Discours de la Présidente von der Leyen lors du débat du Parlement européen en séance plénière sur les conclusions du Conseil européen du 20 mars 2025 - Commission européenne
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Représentation en France
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  • 1 avril 2025
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Discours de la Présidente von der Leyen lors du débat du Parlement européen en séance plénière sur les conclusions du Conseil européen du 20 mars 2025

Seul le texte prononcé fait foi. 

Participation of Ursula von der Leyen, President of the European Commission, in the plenary session of the European Parliament

Madame la Présidente, chère Roberta,

Monsieur le Président du Conseil européen, cher António,

Mesdames et Messieurs les députés,

Je souhaiterais aujourd'hui m'attarder sur les menaces qui pèsent sur la prospérité et la stabilité mondiales et sur la montée du protectionnisme. Et comme notre programme européen ne saurait être dissocié des événements mondiaux qui nous entourent, permettez-moi de commencer par les droits de douane américains.

Lorsque le rêve d'une Europe unie a vu le jour, il est parti d'une idée simple : créons un marché unique, faisons tomber les obstacles et supprimons les droits de douane. C'est ce qui nous a rendus forts. Parce que nos entreprises se sont développées et les liens qui nous unissent se sont renforcés. Dans le même esprit, nous avons travaillé avec des partenaires du monde entier, y compris les États-Unis. Nous avons tissé des liens que nous pensions indéfectibles. Et les échanges commerciaux ont apporté plus que de la prospérité. Ils ont apporté l'idée d'un mode de vie commun. Et avec le commerce, notre partenariat s'est également développé. Les amitiés de part et d'autre de l'Atlantique sont innombrables. Et c'est en raison de cette expérience collective que tant d'Européens se sentent complètement découragés par les annonces des États-Unis. Je vous le dis clairement : L'Europe n'est pas à l'origine de cet affrontement. Nous pensons que c'est une erreur. Mais le message que je vous adresse aujourd'hui est aussi que nous avons tout ce qu'il faut pour protéger nos citoyens et notre prospérité. Nous avons le plus grand marché unique au monde. Nous avons la force de négocier. Nous avons le pouvoir de riposter. Et les citoyens européens devraient le savoir : ensemble, nous promouvrons et défendrons toujours nos intérêts et nos valeurs. Et nous défendrons toujours l'Europe.

Pour l'instant, le gouvernement des États-Unis a annoncé une augmentation de 25 % des droits de douane appliqués aux importations d'acier, d'aluminium, de véhicules et de pièces automobiles. Les prochains secteurs touchés seront ceux des semi-conducteurs, des produits pharmaceutiques et du bois. Et nous attendons une autre annonce, prévue demain, portant sur des droits de douane prétendument « réciproques » qui s'appliqueront immédiatement à la quasi-totalité des marchandises et à de nombreux pays du monde. Il est vrai que le monde du commerce fait face à de sérieux problèmes, notamment des surcapacités, des déséquilibres, des subventions déloyales, des refus d'accès au marché, des vols de propriété intellectuelle. J'entends les Américains lorsqu'ils disent que d'autres ont tiré profit des règles. Je suis d'accord. Nous aussi, nous en souffrons. Nous devons donc y travailler. Mais les droits de douane généralisés ne font qu'aggraver la situation, ils ne l'améliorent pas. Les droits de douane sont des taxes, qui seront payées par les citoyens. Pour les Américains, les droits de douane sont des taxes sur leurs produits alimentaires et leurs médicaments. Les droits de douane ne feront qu'alimenter l'inflation. C'est tout le contraire de ce pour quoi nous œuvrons. Les usines américaines paieront davantage pour s'approvisionner en composants fabriqués en Europe. Cela se traduira par des pertes d'emplois. Cela instaurera de nouvelles procédures douanières, créant ainsi un monstre bureaucratique. Et aujourd'hui, personne n'a besoin de cela – ni aux États-Unis, ni en Europe.

Notre stratégie se fonde sur trois piliers. Premièrement, nous sommes ouverts aux négociations, nous aborderons ces négociations en position de force. L'Europe a beaucoup de cartes en main, qu'il s'agisse des échanges commerciaux, de la technologie ou de la taille de notre marché. Mais cette force repose également sur notre volonté de prendre des contre-mesures fermes. Toutes les cartes sont sur la table. Deuxièmement, nous continuerons à diversifier nos échanges avec d'autres partenaires. Notre caractéristique est que nous sommes non seulement le plus grand marché du monde, mais aussi que nous sommes fiables et prévisibles, nous honorons nos engagements. Et c'est exactement ce que nos partenaires recherchent aujourd'hui. Et troisièmement, nous redoublerons d'efforts pour faire prospérer le marché unique. Le marché unique est la pierre angulaire de l'intégration et des valeurs européennes. Il est notre puissant catalyseur de croissance, de prospérité et de solidarité. Nous devons éliminer les obstacles qui subsistent pour que le marché unique devienne un marché de grande envergure, parce que l'échelle est un aspect important. Et un marché unique pour aller vite et loin.

En ce qui concerne le premier pilier, notre réponse immédiate est l'unité et la détermination. J'ai déjà pris contact avec nos Chefs d'État et de gouvernement au sujet des prochaines étapes. Le débat parlementaire a lieu aujourd'hui. Et nous attendons les annonces qui seront faites demain pour calibrer au mieux notre réponse. Notre objectif est de parvenir à une solution négociée. Mais bien évidemment, si cela s'avère nécessaire, nous protégerons nos intérêts, nos citoyens et nos entreprises. Je veux être très claire sur l'objectif de notre réponse. Cette confrontation n'est dans l'intérêt de personne. Le flux de biens et services entre nous est presque équilibré. Nous sommes disposés à travailler sur la balance commerciale des biens et des services. Il s'agit de la relation commerciale la plus vaste et la plus prospère au monde. Tout le monde aurait à gagner à une solution constructive. Mais je veux aussi être très claire : l'Europe n'est pas à l'origine de cet affrontement. Nous ne voulons pas nécessairement prendre des mesures de représailles, mais nous disposons d'un plan solide pour le faire si nécessaire.

Le deuxième pilier de notre stratégie est la diversification. Le commerce se fait là où se trouve l'intérêt commercial. Nous ouvrirons des portes vers des marchés à croissance rapide dans le monde entier. L'Europe a déjà conclu des accords commerciaux avec 76 pays et nous continuerons d'étendre ce réseau. Nous venons de conclure des accords commerciaux avec le Mercosur, le Mexique et la Suisse. Nous venons de lancer un partenariat pour des échanges et des investissements propres avec l'Afrique du Sud, le premier au monde de ce type, et entendons conclure un accord commercial avec l'Inde d'ici à la fin de l'année. Nous menons actuellement d'intenses négociations avec l'Indonésie et la Thaïlande. Et dans le courant de la semaine, le Président Costa et moi-même nous rendrons à Samarcande pour le tout premier sommet entre l'Union européenne et l'Asie centrale. L'Europe a toujours été un continent d'échanges commerciaux. Connectons-nous avec les nouveaux cœurs battants de l'économie mondiale. Notre message est clair : L'Europe est fiable, prévisible et ouverte aux pratiques commerciales loyales.

Et le troisième pilier, Mesdames et Messieurs les députés, consiste à libérer le marché unique de ses chaînes. Il y a trop d'obstacles qui entravent nos entreprises. Et nous devons faire notre part du travail. Mario Draghi a raison quand il dit que les barrières internes de l'UE sont plus nuisibles pour la croissance que n'importe quel droit de douane. Le marché unique a été créé pour éliminer les barrières entre nos pays. Pour supprimer les droits de douane et autres taxes. Et pour rendre l'activité économique plus aisée au sein de l'Europe. Nous devons nous recentrer sur cette idée et en faire une réalité. Il doit être plus facile pour les PME de vendre le même produit dans tous les États membres que de le réétiqueter 27 fois pour respecter les lois nationales. Il doit être plus facile pour les professionnels de travailler au-delà des frontières que de se retrouver aux prises avec différentes bureaucraties nationales. Il doit être plus facile pour les entreprises technologiques de lancer un nouveau service dans toute l'Europe que de devoir gérer 27 procédures différentes. Et il doit être plus facile pour les Européens d'investir en Europe que d'envoyer leurs économies à l'autre bout du monde. Telle est la promesse de notre marché unique. Et elle doit être tenue.

Mesdames et Messieurs les députés,

Le Parlement européen a toujours travaillé d'arrache-pied pour achever le marché unique. Nous avons à présent une occasion historique d'y parvenir. Les rapports Draghi et Letta font l'objet d'un large consensus. Nous avons présenté des propositions ambitieuses, qu'il s'agisse de l'union de l'épargne et des investissements, qui doit permettre aux citoyens d'obtenir un meilleur retour sur leurs économies et aux entreprises de trouver les capitaux dont elles ont besoin pour se développer, de nos trains de mesures de simplification « omnibus » ou de l'union des compétences. Et d'autres vont suivre, notamment le 28e régime juridique pour les entreprises novatrices. Selon le FMI, les barrières du marché intérieur européen s'élèvent à des droits de douane de 45 % pour l'industrie manufacturière et de 110 % pour les services. Cela ne peut tout simplement pas durer. Il faut que cela change maintenant. C'est pourquoi j'ai chargé le VPE Séjourné de présenter le mois prochain des propositions concrètes et audacieuses pour supprimer certains de ces obstacles et en empêcher de nouveaux. Ces réformes se font attendre. Et aujourd'hui, elles sont devenues plus urgentes que jamais. Dans une économie mondialisée mouvementée, le marché unique constitue notre sphère de sécurité. Trente ans après la pose de la première pierre par Jacques Delors, il est temps de terminer le travail.

Merci et vive l'Europe.

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Date de publication
1 avril 2025
Auteur
Représentation en France