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Représentation en France
  • Discours
  • 18 janvier 2023
  • Représentation en France
  • 5 min de lecture

Discours de la Présidente von der Leyen à la session plénière du Parlement européen

Seul le texte prononcé fait foi.

Madame la Présidente, chère Roberta,

Monsieur le Président, cher Charles,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter un très heureux anniversaire, chère Roberta. Je suis sûre de parler au nom de tous les membres de cette Assemblée en vous exprimant toute mon admiration pour la force et la détermination avec lesquelles vous incarnez votre fonction de présidente de ce Parlement. Parce que c'est exactement ce dont l'Europe a besoin, alors que la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine continue de faire rage.

Le symbole le plus récent de la terreur russe est une cuisine jaune. Une cuisine très simple, dans un immeuble à Dnipro. Un jour, la pièce est remplie de bonheur. Une petite fille fête son anniversaire, au milieu de meubles jaunes et entourée d'une famille aimante. Le lendemain, cette cuisine n'existe plus. Le bonheur de cette famille n'est plus, détruit par les missiles russes. Le père de la petite fille a été tué par des Russes. Toutes ces vies ont été brisées par l'impérialisme russe. C'est contre cela que l'Ukraine se bat. C'est contre cela que nous nous dressons tous. Nous venons d'annoncer le versement de la première tranche d'une aide de 18 milliards d'euros pour 2023. Et nous nous tiendrons aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra.

Nous avons également démontré notre détermination à remplacer les combustibles fossiles russes et à faire baisser les prix. Nos efforts conjoints portent leurs fruits. Les prix du gaz sont désormais inférieurs à ce qu'ils étaient avant l'invasion russe. Les cours du TTF néerlandais ont chuté de plus de 80 % depuis août dernier. Nous avons pu remplacer la majeure partie des combustibles fossiles russes que nous importions auparavant. Nos capacités de stockage de gaz sont encore remplies à plus de 80 %. C'est l'un des niveaux les plus élevés jamais enregistrés pour cette période de l'année. Et nous sommes parvenus à doubler la production d'énergies renouvelables supplémentaires! Bien entendu, certains facteurs externes y ont contribué: la douceur de l'hiver et le confinement appliqué par la Chine contre la COVID-19. Simultanément, d'autres facteurs externes ont rendu notre vie plus difficile. Le temps inhabituellement chaud et sec a ainsi entraîné une forte diminution de la production hydroélectrique. De sorte que, Mesdames et Messieurs les Députés, c'est avant tout grâce à notre unité et à notre travail collectif acharné que nous traversons cet hiver en toute sécurité. Et nous devrions en être fiers. Pour cet hiver donc, l'optimisme est permis. Mais nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Nous devons à présent nous préparer en vue de l'hiver prochain. La plateforme conjointe pour l'énergie est opérationnelle. Avec le soutien des États membres et de l'industrie européenne, nous créons un consortium européen qui nous permettra d'agréger la demande et de tirer effectivement parti du poids politique et commercial de l'UE. Nous avons l'intention de lancer des négociations avec les principaux fournisseurs internationaux de gaz dès le début du printemps, dans le but de conclure les premiers contrats conjoints bien avant cet été.

Mesdames et Messieurs les Députés,

Ces réalisations montrent toute la force de l'ambition et de la volonté collectives européennes, dont il nous faudra de nouveau faire preuve dans l'année à venir. Il est bon de savoir que la Présidence suédoise partage notre ambition. Pas seulement parce que nos systèmes énergétiques sont aujourd'hui à un tournant. Mais aussi parce que la compétitivité de notre économie tout entière est en jeu. La tâche qui nous attend pour la transformer est gigantesque. Nous voulons ramener nos émissions nettes à zéro en moins de trois décennies. Tout le monde sait que la clé pour bien gérer ou, mieux, pour être à la pointe de cette transformation, c'est notre secteur des technologies propres. L'Agence internationale de l'énergie estime que, d'ici à 2030, le marché des technologies d'énergie propre fabriquées à grande échelle pèsera quelque 650 milliards de dollars par an – soit plus du triple d'aujourd'hui. Et c'est pourquoi les États-Unis ont adopté leur loi sur la réduction de l'inflation, dont nous avons discuté les avantages et les inconvénients lors de la dernière plénière.

Aujourd'hui, je veux vous présenter notre propre riposte: un plan industriel qui s'inscrit dans notre pacte vert pour l'Europe. Ce plan reposera sur quatre piliers. Le premier concerne la vitesse et l'accès. Nous devons créer un environnement réglementaire qui nous permette de passer rapidement à l'échelle supérieure et de créer des conditions propices à l'industrie des technologies propres. Pour favoriser la réalisation de cet objectif, nous proposerons un nouveau règlement pour une industrie à zéro émission nette, selon le même modèle que notre règlement sur les semi-conducteurs. Nous veillerons tout particulièrement à simplifier et à accélérer les procédures d'agrément des nouveaux sites de production de technologies propres.

Au titre du second pilier du plan industriel du pacte vert, nous doperons l'investissement dans les technologies propres et le financement de leur production. Nous proposerons d'adapter temporairement nos règles en matière d'aides d'État afin d'accélérer et de simplifier les choses. Les procédures seront simplifiées, et les autorisations accélérées, par exemple grâce à des modèles simples d'allègement fiscal. Mais dans le même temps, nous devons préserver l'équité des conditions de concurrence dans toute l'Europe. C'est pourquoi, en plus du Fonds de souveraineté européen que j'ai annoncé dans mon discours sur l'état de l'Union, nous rechercherons une solution de transition pour apporter un soutien rapide et ciblé là où il est le plus nécessaire.

Le troisième pilier du plan industriel du pacte vert concerne les compétences. Prenons l'exemple de l'industrie européenne des panneaux solaires: d'ici à 2030, elle devra employer plus d'un million de travailleurs, soit le double d'aujourd'hui. C'est un immense défi, mais aussi une immense opportunité de créer les emplois de l'avenir. Et ce sera la priorité absolue de notre année européenne des compétences.

Quatrième et dernier pilier: nous poursuivrons notre agenda commercial ambitieux. Pour atteindre la neutralité carbone à l'échelle mondiale grâce aux technologies propres, nous aurons besoin de chaînes d'approvisionnement solides et résilientes. Et c'est là qu'interviennent les échanges. Nous nous attacherons à conclure de nouveaux accords commerciaux avec le Chili, le Mexique, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Nous irons de l'avant avec l'Inde et l'Indonésie. Et nous avons une fenêtre d'opportunité unique de faire progresser l'accord UE-Mercosur.

Voilà donc notre plan. Le temps presse, et je compte sur vous pour soutenir cet ambitieux agenda.

Vive l'Europe.

Détails

Date de publication
18 janvier 2023
Auteur
Représentation en France