Madame la Présidente, chère Roberta,
Monsieur le haut représentant, Josep,
Monsieur le ministre Albares,
La terreur semée par le Hamas a plongé Israël et la Palestine dans une nouvelle spirale de violence. La nuit dernière, une tragédie insensée nous a tous choqués. Un hôpital de Gaza – abritant des centaines de blessés - a été transformé en un enfer de feu. Les scènes en provenance de l'hôpital Al-Ahli provoquent l'effroi et la détresse. Rien ne peut excuser l'attaque d'un hôpital plein de civils. Il faut faire toute la lumière sur ces faits, et les responsables doivent répondre de leurs actes.
En cette heure tragique, nous devons tous redoubler d'efforts pour protéger les civils de la fureur de cette guerre. Permettez-moi aussi d'adresser mes condoléances aux familles des victimes des attentats terroristes de Bruxelles et d'Arras. C'est tragique, mais force est de constater que la terreur refait surface. C'est aussi la terreur qui nous conduit ici à tenir ce débat. Les odieux attentats terroristes perpétrés par le Hamas contre Israël. Ce que nous avons vu au kibboutz de Kfar Aza, c'est le mal à l'état pur. Le sang, témoignage de l'horreur, les maisons incendiées, les jouets abandonnés, qu'aucun enfant ne touchera plus jamais. En une journée, les terroristes du Hamas ont massacré plus de 1 400 hommes, femmes, enfants et bébés. Et ce pour une seule raison: ils étaient juifs, ils vivaient tout simplement dans l'État d'Israël. L'objectif déclaré est d'éradiquer toute vie juive.
Israël a le droit de se défendre, conformément au droit international. Le Hamas est une entité terroriste. Et les Palestiniens souffrent aussi de cette terreur. Nous devons les soutenir. Et il n'y a aucune contradiction à se montrer solidaire d'Israël tout en agissant pour répondre aux besoins humanitaires du peuple palestinien. J'ai visité Israël à de nombreuses reprises au cours de ma vie. Mais cette fois, ce que j'ai vu, c'est une nation frappée en plein cœur. J'ai été saisie d'entendre la même demande de la part de toutes les personnes à qui j'ai parlé: le président Herzog, le premier ministre Netanyahou, toutes les forces réunies au sein du gouvernement d'union nationale, les familles des personnes enlevées. Tous ont appelé à la solidarité et à un discours clair. Et c'est le moins que nous puissions faire pour le peuple israélien. Face à une telle horreur, nous devons parler d'une seule voix. En tant qu'êtres humains, en tant que défenseurs d'un monde libre, en tant que citoyens d'une Europe dans laquelle la haine, la terreur et le racisme n'ont pas leur place. L'Europe se tient aux côtés d'Israël en ces sombres moments.
C'est la première chose à dire, et elle est essentielle. Quelques jours à peine après l'attaque du Hamas, je crois qu'il était important de transmettre en personne ce message de solidarité, ici, en Israël. Nous devons absolument reconnaître la douleur d'Israël et son droit de se défendre si nous voulons pouvoir dire de façon crédible qu'il doit réagir en démocratie, conformément au droit international humanitaire. Et qu'il est essentiel de protéger la vie des civils, même et surtout en pleine guerre.
Nous devons d'abord écouter si nous voulons qu'on nous écoute. De fait, au cours de ma visite, j'ai discuté des efforts déployés par Israël pour protéger la vie des civils. Il ne peut y avoir aucune hésitation de notre côté: l'Europe sera toujours du côté de l'humanité et des droits de l'homme.
Permettez-moi de vous informer des actions que nous avons mises en œuvre pour faire face à cette situation dramatique et à la vaste crise que le Hamas a déclenchée.
Je commencerai par la situation humanitaire, qui s'aggrave d'heure en heure. L'aide humanitaire doit parvenir de toute urgence aux Palestiniens. C'est pourquoi nous avons décidé de tripler immédiatement notre aide humanitaire aux civils de Gaza. Et nous avons lancé un pont aérien humanitaire de l'Union européenne vers l'Égypte, en vue de faire parvenir des fournitures vitales aux organisations humanitaires présentes sur le terrain à Gaza. Les deux premiers vols partiront dès cette semaine et transporteront du fret humanitaire fourni par l'UNICEF. Nous avons déployé notre personnel et nous travaillons avec les agences des Nations unies pour faire en sorte que cette aide puisse parvenir à ceux qui en ont besoin. L'Union européenne a toujours été le plus grand pourvoyeur international d'aide en faveur de la Palestine. Cela ne changera pas. Mais à mesure que la situation sur le terrain évolue, il est également essentiel que nous réexaminions d'urgence et soigneusement notre aide financière à la Palestine. Le financement de l'UE n'a jamais été accordé au Hamas ni à aucune entité terroriste. Et il ne le sera jamais. Ce que le Hamas a fait n'a rien à voir avec les aspirations légitimes du peuple palestinien. C'est pourquoi il était bon d'entendre les paroles claires prononcées dimanche soir par le président Abbas.
Mon deuxième point concerne la situation régionale. Les actes du Hamas ont des implications géopolitiques majeures. Nous savons qu'ils risquent d'affecter le rapprochement historique entre Israël et les pays arabes. Mais cela n'est pas inévitable. L'instabilité peut être maîtrisée. Le dialogue entre Israël et ses voisins peut et doit se poursuivre. Ces temps de guerre doivent donc aussi être un moment où la diplomatie œuvre sans relâche. Un moment pour nouer un dialogue encore plus étroit avec Israël et avec d'autres pays de la région. J'ai récemment parlé avec plusieurs dirigeants arabes, dont le roi de Jordanie, le président des Émirats arabes unis et le président égyptien. Tous étaient très clairs quant à l'importance de l'intervention financière de l'UE. Et l'Union européenne, avec son aide financière massive – nous sommes le plus grand donateur – dispose non seulement d'un moyen de pression, mais elle y a aussi un intérêt.
Troisièmement, nous assistons à une augmentation des incidents à caractère antisémite, y compris ici en Europe. Des synagogues ont été vandalisées. Les discours de haine et les fausses informations se propagent à une vitesse inquiétante. Or c'est quelque chose que nous ne pouvons tout simplement pas accepter. Il en va de notre responsabilité partagée de veiller à ce que les heures sombres de notre passé ne reviennent pas. Nous devons protéger la vie juive en Europe.
Ces dernières années, nous avons placé la lutte contre l'antisémitisme et tous les crimes de haine au cœur de notre action. Grâce au travail collectif que nous avons mené sur le règlement sur les services numériques, nous disposons désormais d'une législation permettant de supprimer les contenus illicites en ligne et de contenir la propagation de la désinformation. Et nous l'utilisons à présent pour la toute première fois. Nous avons déjà ouvert une enquête concernant X, ex-Twitter. Il doit respecter l'obligation de lutter contre la propagation de la propagande terroriste et des discours de haine. Parce qu'en Europe, il n'y a pas de place pour la haine: tolérance zéro pour la haine, que ce soit en ligne ou dans nos rues.
Nous avons également intensifié nos efforts pour garantir la sécurité physique des communautés juives. Nous avons déjà augmenté le financement de l'UE pour la protection des lieux de culte, tels que les synagogues. Et au début de notre mandat, nous avons proposé d'ajouter les crimes de haine et les discours haineux à la liste des infractions prévues par la législation de l'UE, qui doivent être sanctionnées dans toute l'Union. Notre proposition est toujours bloquée par certains États membres. Mais cela ne peut plus attendre. Il est temps à présent pour les États membres d'agir et d'aller de l'avant.
L'histoire de l'Europe est une histoire de diversité. Les valeurs juives ont façonné nos valeurs européennes communes. La culture juive, entre autres, a enrichi pendant des siècles notre culture européenne commune. Et cela doit continuer à être le cas. Les Juifs européens doivent être libres de porter une kippa ou une étoile de David dans nos rues. Et d'éclairer nos villes avec les bougies de Hanoukka à leurs fenêtres. Et chaque Européen doit pouvoir vivre à l'abri de la peur. Nous devons tenir les promesses de l'Europe: être unis dans la diversité, être un lieu sûr pour tous les Européens.
Mesdames et Messieurs les députés,
Le moment est venu pour nous tous de nous rassembler, d'unir nos forces contre la terreur sous toutes ses formes. Et de faire ce qui est juste. Je vais à présent retourner à Bruxelles pour me joindre à une cérémonie de commémoration des victimes du récent attentat perpétré dans la capitale belge.
Merci de votre attention.
Détails
- Date de publication
- 18 octobre 2023
- Auteur
- Représentation en France