Près de deux ans après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, une version actualisée de l'évaluation conjointe rapide des dommages et des besoins («Rapid Damage and Needs Assessment», ci-après la «RDNA3») publiée aujourd'hui par le gouvernement ukrainien, le Groupe de la Banque mondiale, la Commission européenne et les Nations unies estime actuellement qu'au 31 décembre 2023, le coût total de la reconstruction et de la relance de l'Ukraine s'établissait à 486 milliards de dollars (452,8 milliards d'euros) au cours de la prochaine décennie, contre 411 milliards de dollars (383 milliards d'euros) estimés il y a un an.Pour la seule année 2024, les autorités ukrainiennes estiment que le pays aura besoin d'environ 15 milliards de dollars (14 milliards d'euros) pour ses priorités immédiates en matière de reconstruction et de relance tant au niveau national qu'au niveau des communautés, l'accent étant mis en particulier sur le soutien au secteur privé et la mobilisation de celui-ci, parallèlement à la restauration des logements, des infrastructures et des services non techniques, de l'énergie et des transports. La RDNA3 souligne que, si quelque 5,5 milliards de dollars (5,1 milliards d'euros) de ces fonds ont été obtenus, tant auprès des partenaires internationaux de l'Ukraine qu'à partir de ses propres ressources, environ 9,5 milliards de dollars (8,9 milliards d'euros) ne sont actuellement pas financés.
«En dépit de la guerre à grande échelle en cours, le gouvernement ukrainien, avec le soutien de partenaires internationaux, continue de mettre en œuvre un programme de relance rapide. L'exécution de la troisième évaluation rapide des dommages et des besoins (RDNA3) nous permet d'aborder ce processus de manière plus systématique. Nous remercions la Banque mondiale et les autres partenaires pour ce travail», a déclaré le Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal. «Nous constatons que les besoins de reconstruction ont continué d'augmenter au cours de l'année écoulée. La principale ressource pour la relance de l'Ukraine devrait être la confiscation des avoirs russes gelés en Occident. Nous devons entamer ce processus dès cette année. Parallèlement, le gouvernement ukrainien crée les conditions nécessaires pour attirer les investissements privés, ce qui accélérera le processus de reconstruction et transformera notre pays sur la voie de l'adhésion à l'Union européenne.»
Olivér Várhelyi, commissaire au voisinage et à l'élargissement, s'est quant à lui exprimé dans les termes suivants: «La guerre d'agression menée par la Russie continue d'avoir des conséquences considérables sur l'Ukraine. L'UE continuera de jouer un rôle clé pour relever les défis à court et moyen terme recensés dans le rapport RDNA3 publié aujourd'hui. En mettant à disposition les informations actualisées, la RDNA3 contribue à concentrer davantage encore les efforts de relance, de reconstruction et de modernisation au moyen de la facilité pour l'Ukraine et du plan de l'Ukraine.»
La RDNA3, qui couvre les dommages subis sur une période de près de deux ans entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022 et le 31 décembre 2023, constate que les dommages directs en Ukraine ont à présent atteint près de 152 milliards de dollars (141,6 milliards d'euros), le logement, les transports, le commerce et l'industrie, l'énergie et l'agriculture étant les secteurs les plus touchés. Les dommages se concentrent dans les oblasts de Donetsk, de Kharkiv, de Louhansk, de Zaporijjia, de Kherson et de Kiev, soit les mêmes régions que celles qui avaient subi les dommages les plus importants indiqués dans l'évaluation précédente.
Dans l'ensemble du pays, 10 % du parc immobilier a été endommagé ou détruit, ce qui a prolongé les déplacements d'Ukrainiens loin de leurs communautés. La destruction du barrage de Kakhovka et de la centrale hydroélectrique en juin 2023 a eu des incidences négatives importantes sur l'environnement et l'agriculture et a exacerbé les difficultés déjà rencontrées par les personnes qui peinent à accéder au logement, à l'eau, à la nourriture et aux services de santé.
La RDNA3 énumère les besoins d'investissement critiques pour la reprise à court terme et la reconstruction à moyen terme. Lorsque c'est possible, l'évaluation examine et exclut les besoins qui ont déjà été satisfaits grâce au budget de l'État et au soutien apporté par les partenaires et la communauté internationale.
La RDNA3 souligne également la nécessité persistante de réformes et de politiques qui catalysent la participation du secteur privé et garantissent une reprise inclusive et verte, ainsi que le besoin d'intégrer la planification des projets dans le processus de planification budgétaire à moyen terme.
«Ces deux dernières années, l'Ukraine et sa population ont subi des souffrances et des pertes sans précédent», a ajouté Antonella Bassani, vice-présidente de la Banque mondiale pour l'Europe et l'Asie centrale. «Pourtant, si cette évaluation actualisée détaille les dommages substantiels et les besoins qui en découlent, elle témoigne en même temps de la résilience de l'Ukraine, qui démontre que le dévouement et la capacité d'adaptation de sa population ont déjà contribué à réparer une partie des dommages et à reconstruire sur la voie de la reprise. Alors que les autorités ukrainiennes continuent de progresser sur la voie de la reprise économique et de réformes ambitieuses, nous, le Groupe de la Banque mondiale, restons fermement déterminés à collaborer avec elles pour assurer un avenir meilleur.»
Les conclusions de la RDNA3 complètent les priorités prévues dans le programme de réforme et d'investissement du plan de l'Ukraine, qui établira le cadre de la mise en œuvre des paiements effectués par l'UE au titre de la facilité pour l'Ukraine pour les quatre prochaines années. Alors que l'Ukraine se prépare au processus d'adhésion à l'Union européenne, ces réformes et investissements soutiennent les principes de «reconstruire en mieux» et la capacité institutionnelle des autorités nationales et infranationales.
Depuis la dernière évaluation (RDNA2), le gouvernement ukrainien, avec le soutien de ses partenaires, a répondu à certains des besoins les plus urgents. Par exemple, dans le secteur du logement, selon les données du gouvernement ukrainien, 1 milliard de dollars (931,7 millions d'euros) ont été déboursés en 2023 pour la relance du secteur du logement, la majeure partie de ce montant étant consacrée à la réparation et à la reconstruction des bâtiments endommagés. Dans le secteur des transports, plus de 2 000 km de réparations d'urgence ont été effectués sur les autoroutes, les routes principales et d'autres routes nationales. Dans le secteur de l'éducation, les autorités locales ont reconstruit environ 500 établissements d'enseignement et, depuis janvier 2023, la part des établissements d'enseignement disposant d'abris anti-bombes est passée de 68 % à 80 %.
La RDNA3 comprend également des données et une analyse plus solides concernant l'incidence sur les groupes de personnes vulnérables et sur les communautés. Elle présente les arguments en faveur d'investissements dans le capital humain de l'Ukraine.
«La guerre n'est pas terminée. Les souffrances ne sont pas terminées,», a déclaré Denise Brown, coordinatrice résidente des Nations unies en Ukraine. «Mais les communautés ukrainiennes font preuve d'un courage et d'un engagement importants pour mener leurs propres processus de relance inclusifs et elles ont besoin du soutien continu de leurs partenaires internationaux. L'avenir de l'Ukraine dépend du peuple ukrainien; c'est là que nous devons investir.»
Les coûts globaux reflétés dans le chiffre de 486 milliards de dollars (452,8 milliards d'euros) pour la relance et la reconstruction — estimé sur 10 ans — comprennent des mesures nécessaires pour reconstruire un avenir moderne, sobre en carbone, inclusif et résilient face au changement climatique. Les besoins estimés les plus élevés en matière de relance et de reconstruction concernent le logement (17 % du total), suivi des transports (15 %), du commerce et de l'industrie (14 %), de l'agriculture (12 %), de l'énergie (10 %), de la protection sociale et des moyens de subsistance (9 %) et de la gestion des risques d'explosifs (7 %). Dans tous les secteurs, le coût du déblaiement et de la gestion des débris (et de la démolition là où c'est nécessaire), a atteint près de 11 milliards de dollars (10,2 milliards d'euros).
Détails
- Date de publication
- 16 février 2024
- Auteur
- Représentation en France